L’îlot urbain alternatif

"Vivre ensemble mais pas trop"

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Projet de fin d'étude - Juillet 2020

Atelier Rémy Marciano , Christophe Migozzi, José Morales

École nationale d'architecture de Marseille
DE2 architecture processus et partage/DE2 architecture & mutation
Nouveaux lieux, habiter la métropole

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REMERCIMENTS
Cette fin d’épopée a été particulièrement unique dans la façon de travailler et d’échanger avec le corps enseignant du studio durant le confinement liée à l'épidemie du COVID-19.
Je remercie mon directeur d’étude Rémy Marciano puis Christophe Migozzi, José Morales pour leurs conseils et leur encadrement.
Enfin je remercie encore et surtout ma famille, mes amis, mes proches et mon entourage pour leurs soutiens permanents depuis le début jusque dans les moments les plus difficiles.

Introduction

Voici le projet de fin d’étude d’un architecte en confinement qui, depuis la vue de sa cuisine, rêve de traverser son îlot, en passant à travers la nature et le bâti hétérogène de Marseille. Son seul moyen est d’emprunter les quelques voies, qui séparent et divisent ce tissu en parcelles puis en îlots. Le confinement lié à l’épidémie de Covid-19 nous a révélé une ville silencieuse sans voitures, de l’entraide, mais aussi des appartements exigus, des situations d’isolements, des espaces de respiration privés parfois trop petits, voire inexistants... L’îlot urbain alternatif est un projet qui remet en question notre façon de vivre, à travers nos déplacements, notre manière de consommer, de produire, d’habiter, et de travailler. Il cherche à redéfinir le lien social à travers avec les contraintes d’aujourd’hui :

les contraintes écologiques,
les contraintes sanitaires,
les contraintes climatiques.
 
L’îlot alternatif est un projet d’aménagement d’une parcelle, de 2 hectares, située en centre-ville de Marseille dans le quartier de la Capelette. L’échelle permet le travail sur une diversité programmatique : logements, bureaux, commerce, agriculture urbaine et industrie de quartier. Il tente d’explorer un « vivre autrement » selon 2 grands axes : vivre ensemble et vivre aujourd’hui.
Vivre ensemble fait pour moi, antillais, né en Guadeloupe, référence à une culture différente. Aux Antilles, les îles sont régulièrement balayées par des cyclones, l’entraide est donc omniprésente et indispensable et de fait, le lien social est façonné par la nécessité. Cependant il s’entretient et se construit au quotidien, à travers l’ensemble des activités : travail, loisir, famille, voisinage, etc. C’est donc à travers une approche multi programmatique que j’ai voulu explorer ce champ en architecture.
Vivre aujourd’hui c’est vivre à l’heure des préoccupations écologiques, des évolutions climatiques, et désormais peut-être des contraintes sanitaires. C’est surtout vivre dans un monde changeant qui demande plus d’adaptabilité et de réactivité. Un monde où le lien social, fortement malmené, doit être renforcé.
Là encore, mes origines m’influencent face aux challenges de notre temps (écologiques, climatiques). Les caractéristiques îliennes m’ont très rapidement amené à favoriser les matériaux biosourcés et les circuits courts (Cf. mémoire). L’expérience des destructions post-cycloniques et des nécessités de reconstruction m’ont fortement sensibilisé au réemploi. Si les contraintes sont différentes à Marseille, les besoins de mutabilité dans un contexte de changement rapide et d’incertitude confirment mon intérêt pour les plans libres et la création de respirations inter-bâties.
Enfin, L’expérience du confinement lié au Covid 19 nous a fait découvrir une ville silencieuse, des appartements parfois étroits (lorsqu’on y est assigné), les avantages et les difficultés du télétravail et de la colocation, l’importance des espaces extérieurs privés et le besoin de nature en ville. Nous nous sommes ouverts à nos quartiers et nous avons réussi à tisser une relation de proximité, inexistante lorsque l’on fait ses courses à un bout de la ville et du sport à l’autre bout.

La crise sanitaire fut riche d’enseignements. Nous présenterons ensuite une analyse du site : situation dans la métropole, histoire, accès et circulation, équipements existants, contraintes (gêne sonore, risques liés à l’eau). Puis nous entrerons dans le projet selon 4 angles d’approche correspondant aux thèmes suivants : HABITER / TRAVAILLER , APPRENDRE / SE NOURRIR , CONSOMMER / SE DIVERTIR
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Manifeste pour une architecture de demain

Pour des logements partagés
Pour des logements flexibles
Pour des logements ventilés et traversants
Pour des logements qui favorisent les échanges intergénérationnels

Pour des bâtiments qui s’adaptent et permettent l’évolutivité
Pour des bâtiments qui favorisent les lieux de partage et qui mettent fin à l’isolement

Pour des cœurs d’îlot vivants
Pour des cœurs d’îlot poreux
Pour des îlots qui dialoguent avec le quartier
Pour des îlots productifs en nourriture

Pour une ville silencieuse sans le bruit des voitures
Pour une ville piétonne aux transports doux
Pour une ville poreuse
Pour une ville qui favorise les circuits courts et les acteurs
Pour une agriculture urbaine
Pour des matériaux sains, chaleureux
Pour des matériaux à faible bilan carbone et réutilisable
Pour la revalorisation des déchets
Pour un accès au sol naturel, à la nature
Pour une valorisation des déchets

Pour une architecture qui redéfinit le lien social
Pour une architecture qui multiplie les interconnexions entre les différentes échelles
Pour une architecture qui rapproche, qui rassemble, qui s’adapter aux changements

Pour une architecture résiliente…

La Capelette

La Capelette est un ancien quartier industriel de Marseille. Il tient son nom grâce à la présence d’une ancienne chapelle (du Provençal : Capeleta/Capeleto, qui signifie : petite chapelle) construite au 13e siècle, délabrée en 2005 puis démolie en 2017. Après son passé industriel, la Capelette essaye de retrouver une identité, entre les terrains vagues, les friches, le palais omnisports l’A50 et le centre de transfert de déchets.

La parcelle


« Le trou », comme l’appellent certains riverains, est la parcelle de 2 hectares qui nous intéresse.
La parcelle accueille, à partir de la deuxième moitié du 19e siècle, des activités industrielles (atelier SNCF, blanchisserie, teinturerie, savonnerie, travail des métaux…). Elle a fait l’objet de plusieurs sondages qui ont révélé une contamination des sols en métaux lourds. Le site a ainsi été excavé de 120 000 tonnes de matériaux (terre contaminée, gravats, bétons) puis remblayé par la suite.
Le site de nature hostile, est composé d’infrastructures routières et d’équipements. En limite, on retrouve:

  • Au nord, un mur ,vestige du passé industriel ainsi que l’autoroute A50 en surplomb.
  • À l’est, le palais omnisports qui jouxte la parcelle. Au pied de sa façade ouest de 23 m, on aperçoit la desserte technique qui sert aux livraisons et à l’évacuation du Palais.
  • Au sud, la parcelle fait face, à des logements récents (2006 - 2010) avec quelques commerces au rez-de-chaussée.
  • Et enfin, à l’ouest une bande de maison de ville

L’omniprésence de la voiture

Il suffit de se balader dans les rues du quartier de la Capelette pour ressentir la place que prend la voiture. Entre les bretelles, les ponts, les trottoirs, les trottoirs (seul espace destiné aux piétons) sont considérablement réduits. Il faut s’arrêter, faire une pause sur un banc ou au milieu d’une place, pour se rendre compte de la gêne sonore que nous procurent les axes routiers.
L’omniprésence de la voiture en mouvement ou à l’arrêt dégrade l’usage des espaces publics. Elle prend l’espace des lieux de rencontre. Le projet de l’îlot urbain alternatif propose une gradation d’espaces de rencontre qui ne peut être envahie par la voiture. Ces espaces constitueront les liens entre le quartier et l’îlot.

Le passé industriel

Le quartier de la Capelette est l’un des noyaux villageois qui structuraient le territoire de Marseille. Il a subi une mutation progressive. Au 11e siècle, les moines de l’abbaye de Saint Victor assèchent les lacs et marais existants. Près de l’Huveaune, quelques moulins s’implantent, un hameau se forme le long de la route royale, qui deviendra l’avenue de la Capelette. En 1707, l’église, qui est à l’origine du nom du quartier est construite, sur la base d’une autre église qui date du 13e siècle. Puis à partir de la deuxième moitié du 19e siècle, les activités industrielles (atelier SNCF, blanchisserie, teinturerie, savonnerie, travail des métaux…) plus ou moins polluantes s’implantent dans le quartier. Cette industrialisation s’accélère avec la mise en service de la gare du Prado. Cependant, après la fin de la Seconde Guerre mondiale Marseille connaît une période de désindustrialisation qui touche l’ensemble des activités traditionnelles. Le secteur d’industrie de la Capelette, en particulier le secteur de l’oléagineux, finit par disparaître pour laisser place aux friches et terrains vagues. En 1960-70 la ville étend et modernise ses transports avec notamment, l’arrivée de l’autoroute A50. Celle-ci dénature le quartier et là sépare du centre-ville. Aujourd’hui, la Capelette continue sa mutation à travers les opérations d’aménagements pilotés par les sociétés d’aménagement publiques marseillaises.

Aujourd'hui

Vers la fin du 20e siècle, la Capelette devient une friche industrielle. La ligne SNCF cesse d’être utilisée, peu à peu délaissée elle est de nouveau mise en service pour l’évacuation des déchets de la ville. L’ancienne gare du Prado devient le parc du 26e centenaire, inauguré en 2001. Aujourd’hui la Capelette tente de retrouver une identité. Depuis la première ZAC créée en 1997, dédiée au village de l’automobile, plusieurs zones d’aménagement ont été et sont en cours d’étude pour tenter de redynamiser et de reconvertir les 75 hectares de friches industrielles. 42 Quelques années après sa création, la ZAC de la Capelette n’a vu que quelques projets se construire. Le palais omnisports, ouvert en 2009, est le plus emblématique d’entre eux. Quelques opérations de logements se sont également réalisées. Sur la parcelle qui nous intéresse, le centre commercial « Bleu Capelette » et le cinéma qui devaient jouxter le palais omnisports n’ont jamais vu le jour. Le groupe Sifer, l’un des deux promoteurs de l’opération, a d’ailleurs revu sa copie et propose désormais de développer un ensemble à dominante résidentielle.

L’ILÔT ALTERNATIF

Habiter aujourd'hui

Habiter d’aujourd’hui, c’est habiter avec les contraintes sanitaires, climatiques et écologiques.

Comme nous avons pu le voir, au début de l’année 2020, les épidémies ne se limitent plus à une zone restreinte de la surface du globe. Elles voyagent et deviennent des pandémies. Faudra-t- il s’attendre aux recrudescences ou à l’apparition de nouvelles épidémies sur nos territoires ? Faudra- t-il faire évoluer nos modes de vie? Quelles conséquences ont-elles sur l’architecture? Si un scénario, extrême de confinement est envisageable, nos bâtiments actuels sont-ils adaptés aux usages d’une situation d’isolement ?

Les activités humaines ont une influence sur le climat. Il est prévu un bouleversement de notre climat avec une variation des températures, ou l’accroissement d’évènements climatiques exceptionnel (canicule, tempêtes...). Comment anticiper et s’adapter aux changements climatiques ?

Aujourd’hui, nous ne pouvons pas négliger l’impact de la construction sur notre environnement (énergie grise due à la fabrication et le transport des matériaux, réutilisation des matériaux, conception bioclimatique, épuisement des ressources naturelles...). C’est dans le choix des matériaux, dans la conception des bâtiments ou même avec le choix du type de structure que l’on peut réduire cet impact. Comment fait-on pour construire durablement ?
La ville résiliente semble être une piste prometteuse. La résilience c’est la capacité de s’adapter, d’évoluer face aux crises.

« Contrairement à la ville stable, sécurisée, hiérarchisée, optimisée et normée, chère au développement durable, la ville résiliente est flexible et transformable. Elle fonctionne en hétérarchie, limite les dépendances et multiplie interconnexions et redondances entre les différentes échelles de fonctionnement. Le risque fait partie de ses fondements, tout comme les ressources qui peuvent s’en dégager....La crise est révélatrice d’opportunités... » (Marco Stathopoulos, dans Qu’est que la résilience urbaine? revue Urbanisme n° 381)

Ce contexte fait échos pour moi aux situations cycloniques en Guadeloupe. Lorsque tout le monde est dans la même situation, la population s’entraide, rebondie, s’adapte, trouve des solutions... Le lien social dans ce contexte montre son importance. Notre société aujourd’hui propose une offre abondante de lien social virtuel (internet). Le lien réel est délaissé au profit du virtuel. Il est aussi délité par l’emprise que prend la voiture sur les espaces de rencontre et de partages. Comment fait-on pour réduire le délitement du lien social ?

Comment s’adapter à un monde en crise ?

S'adresser à la ville


Ici nous allons voir comment l'îlot urbain s'incrit dans sa parcelle tout en dialoguant avec la ville.

 

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